COMMENT COMPTABILISER LES IMMEUBLES DE PLACEMENT

Dans le but de fournir une information sur la consistance des investissements immobiliers réalisés et la rentabilité y relative, le normalisateur a prévu des comptes spécifiques pour enregistrer les immeubles de placement. Cette distinction qui se faisait déjà dans le précédent référentiel OHADA sous l’appellation “Immeuble de rapport” permet de produire une information financière plus fine. Ainsi, le bilan fait ressortir de l’ensemble des investissements réalisés par l’entreprise la part qui revient aux immeubles de placement et la note 21 sur le chiffre d’affaires et les autres produits la part des gains relatifs aux immeubles placement. Cela permet à l’investisseur de se faire une meilleure idée de la rentabilité des placements effectués par l’entité et au comptable de ne pas seulement être un constructeur des chiffres mais de se positionner comme un conseil pertinent auprès du top management pour une allocation efficace des ressources de l’entité.

Dans la suite de l’article, nous verrons comment traiter comptablement deux cas particuliers (les biens immobiliers à usage mixte, les biens immobiliers avec fourniture de services accessoires) associés aux immeubles de placement dans un premier temps et ensuite comment enregistrer les opérations liées au cycle de vie des immeubles de placement (l’acquisition, les dépenses ultérieures, la décomptabilisation).

Pour commencer c’est quoi un immeuble de placement?

Un immeuble de placement est un bien immobilier, c’est-à-dire un terrain, un bâtiment, ou une partie de bâtiment ou les deux (un terrain et un bâtiment) détenu par le propriétaire ou par le preneur, dans le cadre d’un contrat de crédit-bail ou location-vente pour en retirer des loyers ou pour valoriser le capital ou pour les deux.

On peut voir là une similitude avec les titres de placement (actions ou obligations) qui permettent de générer des revenus réguliers (dividendes / intérêts) semblables au loyer et lors de la cession de dégager une plus-value ce qui est comparable à la valorisation de capital dans le cas des immeubles de placement.

Par contre, un bien immobilier occupé par son propriétaire (pour être utilisé dans la production ou la fourniture de biens et services ou à des fins administratives), ne doit pas être classé en immeuble de placement, mais en immobilisations corporelles. Le même sort est réservé aux immeubles destinés à la vente et qui génère des flux de trésorerie attribuables au bien immobilier mais également à d’autres actifs utilisés dans le processus de production (usine, machines, stocks…).

Voici quelques exemples d’immeubles de placement:

  • un terrain détenu pour valoriser le capital à long terme, plutôt que pour une vente à court terme, dans le cadre de l’activité ordinaire ;
  • un terrain détenu pour une utilisation future actuellement indéterminée (le terrain est alors considéré comme étant détenu pour valoriser le capital);
  • un bâtiment appartenant à l’entité (ou détenu par l’entité dans le cadre d’un contrat de location-acquisition) et donné en location dans le cadre de contrats de location simple ;
  • un bâtiment vacant mais détenu en vue d’être loué dans le cadre de contrats de location simple ;

Voyons à présent deux cas particuliers qui méritent notre attention: le premier cas est celui des biens immobiliers qui ont un usage mixte, le second est celui des biens immobiliers loués avec fourniture de services accessoires

Cas 1: Biens immobiliers à usage mixte.

Les biens immobiliers à usage mixte sont ceux qui sont pour partie utilisés pour les besoins du propriétaire (siège social, usine, activité commerciale, …) et pour partie loués à des tiers. Lorsque les biens immobiliers sont à usage mixte, il convient de distinguer deux situations :

  • les deux parties de l’immeuble peuvent être vendues séparément ;
  • les deux parties de l’immeuble ne peuvent pas être vendues séparément.

Si les deux parties de l’immeuble peuvent être vendues séparément (ou louées séparément dans le cadre d’un contrat de location acquisition), alors l‘entité comptabilise les deux parties séparément. La partie qu’elle occupe est à comptabiliser en immobilisations corporelles et le reste en immeubles de placement.

Dans le cas où les deux parties de l’immeuble ne peuvent pas être vendues séparément ou louées séparément dans le cadre d’un contrat de location acquisition, l’entité comptabilise alors le bien immobilier en immeuble de placement, à condition que la partie qu’elle occupe soit non significative.

Cas 2: Biens immobiliers loués avec fournitures de services accessoires

Une entité peut à la fois louer un immeuble et fournir des services accessoires aux occupants, tels que des services de maintenance et de sécurité. Dans ce cas, le bien immobilier est à classer en immeubles de placement, si ces services sont non significatifs au regard du contrat pris dans son ensemble.

A l’inverse, si les services rendus sont une composante significative, le bien immobilier est considéré comme utilisé dans le cadre des activités ordinaires du propriétaire et doit être classé en immobilisations corporelles (ex des hôtels).

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Pour ce qui est de la comptabilisation initiale, un immeuble de placement doit être comptabilisé en tant qu’actif lorsque :

  • il est probable que les avantages économiques futurs associés à l’immeuble de placement iront à l’entité ; et 
  • le coût de l’immeuble de placement peut être évalué de façon fiable.

Le coût d’un immeuble de placement comprend les coûts encourus initialement pour l’acquérir, ainsi que les coûts encourus ultérieurement pour accroître la capacité ou remplacer certains éléments.

Ces coûts sont comptabilisés au moment où ils sont encourus au débit des comptes suivants :

  • 2281 Terrains immeubles de placement
  • 2315 Bâtiments Immeuble de placement sur sol propre
  • 2325 Bâtiments Immeuble de placement sur sol d’autrui

Sont à comptabiliser dans la valeur comptable des immeubles de placement au bilan, les dépenses ultérieures qui accroissent la capacité d’un immeuble de placement ou qui sont  destinées à remplacer des parties importantes d’un immeuble de placement.

Par exemple, le remplacement de murs initiaux constitue des dépenses de remplacement à comptabiliser en immeuble de placement.

Dans ce cas, la valeur comptable des éléments remplacés doit être décomptabilisée.

Si la valeur comptable d’un élément remplacé ne peut être identifiée dans le coût initial de l’immeuble, celle-ci peut être estimée sur la base du coût de remplacement amorti.

A la clôture de l’exercice, les immeubles de placement font l’objet d’un amortissement sur leur durée d’utilité.

Un immeuble de placement doit être décomptabilisé, c’est-à-dire être sorti du bilan :

  • en cas de vente ou de conclusion d’un contrat de location-acquisition ; ou
  • en cas d’arrêt de manière permanente de l’utilisation de l’immeuble et si aucun avantage économique futur n’est plus attendu de sa sortie.

Les profits ou les pertes résultant de la mise hors service ou de la sortie d’un immeuble de placement, doivent être déterminés comme la différence entre le produit net de la sortie (après coûts de transaction) et la valeur comptable de l’actif. Ils sont comptabilisés en résultat de la période.

Informations à fournir dans les notes annexes

Les informations à fournir dans les Notes annexes des Etats financiers sont les suivantes :

  • Lorsque le classement est difficile, l’indication des critères utilisés pour distinguer un immeuble de placement d’un bien immobilier occupé par son propriétaire et d’un bien immobilier détenu en vue de sa vente, dans le cadre de l’activité ordinaire ;
  • les montants comptabilisés dans le résultat au titre des produits locatifs des immeubles de placement, ainsi que des charges opérationnelles directes y compris les dépenses de réparations et de maintenance occasionnées par les immeubles de placement qui ont, ou non, généré des produits locatifs au cours de la période.

Voyons à présent une application pour mettre du concret dans tout ça.

Application – Enoncé

La société Compta Ltd a pour activité le conseil en management. Elle offre aux entreprises des prestations de conseil dans la stratégie de long terme, la veille concurrentielle et l’innovation technologique. Le 7 août 2019, elle fait l’acquisition d’un immeuble de 9 étages dans lequel elle compte transférer une partie de ses équipes du siège. Ces équipes occuperont le rez de chaussée et le premier étage. Les 8 étages restants vont être loués comme bureaux à d’autres entreprises dans le cadre de contrat de location simple.

Voici les éléments de coûts de l’acquisition de cet immeuble:

  • Prix d’achat: 500 000 000 F
  • Frais de notaire: 20 000 000 F 
  • Droits d’enregistrement de l’acte de vente: 10 000 000 F
  • Autres dépenses de transaction: 20 000 000 F

Il est à noter que chaque étage de l’immeuble peut être cédé séparément par la société Compta Ltd si elle le décide.

TAF: Comptabilisez l’acquisition du bâtiment

Solution:

Le coût d’acquisition du bâtiment est constitué du prix d’achat majoré des frais directement liés à l’acquisition et nécessaires à la mise en état d’utilisation du bâtiment.

  • Prix d’achat: 500 000 000 F
  • Frais de notaire: 20 000 000 F 
  • Droits d’enregistrement de l’acte de vente: 10 000 000 F
  • Autres dépenses de transaction:   20 000 000 F

                                                                      550 000 000 F

Etant donné la possibilité de vendre séparément différentes parties de l’immeuble, il est tout à fait approprié d’enregistrer l’acquisition du bâtiment en distinguant l’immeuble de placement de l’immeuble d’exploitation

Immeuble d’exploitation : 550 000 000 X 2/10 = 110 000 000 F

Immeuble de placement : 550 000 000 X 8/10 = 440 000 000 F

Ecriture à passer

Opérations

Montant débit

Montant crédit

Acquisition du bâtiment

2313 Bâtiments administratifs

2315 Bâtiments – Immeubles de placement

       4812 Fournisseurs Immobilisations corporelles

 

110 000 000

440 000 000

 

 

 

550 000 000

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